Le polder de Brest a été créé en 1976-1977, avec des matériaux extraits de la réalisation de la forme de radoub 3 et agrandi au fur et mesure des gros chantiers à proximité, notamment la construction d’Océanopolis.
Depuis la signature en 2010 du pacte électrique breton, la Région Bretagne propriétaire de cette réserve foncière de 54 hectares longtemps restée inoccupée, prend la décision en 2012 de créer un terminal portuaire à Brest en faveur du développement des énergies marines.
En effet, produisant moins de 15 % de l’électricité qu’elle consomme, la Bretagne est directement concernée par la question de l’autonomie énergétique et fait le pari des éoliennes flottantes en prenant appui sur ses atouts naturels.
Lauréate en avril 2012 de l’appel d’offres, la société AILES MARINES est en charge du développement, de la construction et de l’exploitation du parc éolien en mer, dans la zone définie par l’État français, au large de la Baie de Saint-Brieuc. Cette société est détenue à 100% par l’énergéticien IBERDROLA.
Le développement du parc éolien en mer de Saint-Brieuc a généré un surcroît d’activité sur le territoire. De nombreuses grandes entreprises, TPE, PME et ETI de proximité pour la réalisation de différents travaux et prestations sont sollicitées. Mais aussi une entreprise espagnole, Navantia-Windar, spécialisée dans le domaine de la construction navale de grand tonnage, a été retenue pour fabriquer les fondations de 34 éoliennes sur le polder de Brest. Elle collabore activement avec les entreprises bretonnes.
Aujourd’hui, 38 hectares sur le port de Brest sont en cours d’aménagement pour le développement d’une filière industrielle des énergies marines renouvelables, dont 11 hectares occupé par le consortium Navantia-Windar qui a fait le choix d’implanter une structure souple, un chapiteau de 6 000 m2 équipé de deux ponts roulants.
Cet immense hangar va d’abord servir pour la fabrication et l’assemblage des pieds des éoliennes. Des éléments qui seront fixés dans le fond de la mer, et serviront de socle de fixation aux 62 machines. Il ne s’agit pas ici d’éoliennes flottantes mais bien d’équipements fixés au fond sur ces énormes pieds.
Equipé de ponts roulants et de portiques, ce hangar verra ensuite l’arrivée des machines et de tous les éléments (tubes, plaques, hélices…) nécessaires à l’assemblage des éoliennes. Au total 35.000 tonnes de métal transiteront par le polder de Brest avant l’assemblage et le transfert jusqu’à la baie de Saint-Brieuc.
Une réelle volonté d’AILES MARINES de privilégier les entreprises locales en générant de l’emploi sur le territoire du grand ouest :
- la réalisation des études environnementales, la réalisation du schéma d’aménagement de la base de maintenance
- la réalisation de travaux de génie civil,
- La fabrication de composants des fondations des éoliennes
Un réseau d’entreprises spécialisées et de savoir faire sont présentes autour du polder :
- conception et ingénierie
- construction et réparation navale
- manutention : stockage, conteneurs, débarquement, travail à quai
- administration : services portuaires, douanes, préfecture maritime
Durant deux ans, 250 employés travailleront sur le site.
Les chiffres-clés du projet éolien en mer de la Baie de Saint-Brieuc :
- 75 km2 de superficie
- 62 éoliennes (dont 34 construites à Brest)
- 496 MW de puissance installée
- 1 820 GWh/an de production, soit la consommation annuelle en électricité
de 835 000 habitants (chauffage compris)
Les travaux d’installation ont commencé au 1er semestre 2021, pour une mise en service fin 2023.
La finalité est de développer sur du long terme un savoir faire nouveau en Bretagne et générer des emplois par l’externalisation de la fabrication de pièces auprès des entreprises locales.
Le Polder c’est aussi un nouveau spot de promenade !
Ses abords ont été aménagés pour offrir aux promeneurs une vue imprenable sur la rade de Brest et ses activités nautiques. Il est également possible de suivre l’évolution des activités industrielles du haut de la butte paysagère qui domine le site.
Il aura fallu 2 ans pour aménager ces nouveaux espaces verts d’une superficie totale de 4,5 hectares, le important chantier paysager de Bretagne.
En savoir un peu plus sur les énergies marines
Le plus grand littoral de France avec ses 2730 kilomètres de côte, les plus grandes marées d’Europe, de forts courants marins et des vents réguliers, la péninsule bretonne réunit naturellement tous les ingrédients nécessaires au développement des énergies marines.
Les différentes technologies :
L’énergie marémotrice consiste à tirer profit des mouvements de l’eau générés par les marées
En Bretagne, l’usine marémotrice de la Rance, mise en service en 1966, a été la première grande centrale marémotrice et la plus puissante au monde jusqu’en 2011
L’énergie hydrolienne est issue de l’énergie cinétique des courants. Elle nécessite l’immersion de turbine dont les pâtes sont actionnées grâce à la force des courants marins ou fluviaux. L’énergie mécanique est alors transformée en courant électrique.
L’énergie houlomotrice consiste à utiliser l’énergie mécanique des vagues formées sous l’effet du vent.
L’énergie éolienne : Grâce à une turbine, l’énergie du vent est transformée en énergie électrique.
En mer, il existe deux types d’éoliennes
– Les éoliennes posées au fonds de l’eau (jusqu’à 50 m de fonds)
– Les éoliennes flottantes à la surface de l’eau et ancrées au sol par un câble, pour des fonds de 50 à 200 m.
Cartographie des énergies marines en Bretagne :
MAIS AUSSI….
Pour sortir de la dépendance énergétique et lutter contre le réchauffement climatique, la Bretagne cherche également à développer d’autres technologies utilisant principalement des sources d’énergies renouvelables et de récupération.
L’éolien terrestre :
Pionnière du développement de l’éolien terrestre en France, la Bretagne marque le pas, la progression de cette filière est désormais relativement lente (+ 2,6% en 2019).
Néanmoins les sites les plus vieillissant ont entamé un processus de renouvellement qui participe à l’augmentation de la puissance installée.
De ce fait, l’éolien terrestre représente toujours la principale source de production d’électricité en Bretagne avec 61% de la production totale.
Le biogaz : Il s’agit d’une énergie obtenue grâce à la fermentation de matières organiques dans un environnement sans oxygène. Le biogaz permet de produire de la chaleur, de l’électricité, du carburant ou, après épuration, du biométhane qui peut-être injecté dans les réseaux de gaz naturel
Disposant de beaucoup de ressources en matière organique issues de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire, la production de biogaz double tous les 3 ans depuis 2012
La méthanisation en Bretagne représente :
7% de la production d’énergie
7% de la production française
La production de biométhane pour l’injection connaît une très forte croissance depuis qu’elle a été initiée en 2015 (De 2015 à 2019 : +219 % par an).
Le photovoltaïque : cette technologie permet de transformer l’énergie solaire en électricité grâce aux cellules photovoltaïques dont sont constitués les panneaux solaires.
En Bretagne, les projets étant essentiellement portés par des particuliers et notamment des exploitations agricoles, le nombre d’installations augmente de manière constante mais modérée (+8% depuis 2013)
Le photovoltaïque en Bretagne représente :
3% de la production d’énergie
8% de la production d’électricité renouvelable
2,5% du parc national et 2,1% de la production française
Le bois-énergie regroupe 4 types de produits : le bois déchiqueté, le granulé, le bois de chauffage et la bûche densifiée. Son exploitation actuelle, essentiellement à destination du chauffage domestique, en fait la 2ème source de production d’énergie en Bretagne avec 51% de la production totale.
Les déchets ménagers : la valorisation énergétique des déchets par incinération est plafonnée par les capacités de traitements de l’infrastructure. La Bretagne dispose d’un parc de 11 incinérateurs. L’énergie libérée par l’incinération des déchets est utilisée sous forme de chaleur et/ou d’électricité. Les évolutions techniques appliquées aux incinérateurs permettent d’en augmenter les performances : +34% entre 2000 et 2018. L’incinération des déchets ménagers représente 14% de la production d’énergie en Bretagne.
Même si la région reste encore en situation de grande dépendance énergétique, la production d’électricité d’origine renouvelable ne cesse de progresser (+12% entre 2017 et 2018) pour représenter aujourd’hui 75% de la production totale d’énergie en Bretagne.La consolidation de certaines technologies (éolien), associée au développement de nouvelles filières comme le bois-énergie, le biogaz ou encore l’émergence des parcs éoliens en mer, témoignent de la volonté d’accélérer la transition énergétique sur l’ensemble du territoire, en s’appuyant sur les ressources locales.
Sources : ADEME, Observatoire de l’Environnement en Bretagne, Bretagne économique